Chronique de novembre 2017 Les Montres de Dalí Sciences dures vs sciences molles (partie 1)

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec Maury (en 1861), puis Freud (en 1899), les savoirs sur le rêve commencèrent peu à peu à changer de statut. L’onirologie se substituait progressivement à l’« oniromythologie ». La science était en train de s’emparer du rêve, comme elle le ferait bientôt avec tout le reste…


Mais cela n’allait pas rendre les choses plus claires pour autant !

Dans le premier tiers du XXe siècle, sous l’impulsion de Moritz Schlick et Kurt Gödel (et sous l’influence de Ludwig Wittgenstein), une petite bande de philosophes qu’il est convenu d’appeler Le Cercle de Vienne se mit à prôner le « positivisme (ou empirisme) logique ». Depuis lors, il est d’usage de distinguer les sciences dures des sciences molles.

Les sciences naturelles — à quelques exceptions près, telles la physique quantique (l’étude de l’infiniment petit, pour faire simple) et la génétique (surtout celle des populations) — sont des sciences résolument dures. Les lois qui gouvernent la nature sont intangibles. C’est pourquoi elles permettent de prédire, avec exactitude, les phénomènes qui s’y soumettent, tout en leur assurant une parfaite reproductibilité. Après une heure de route, une voiture roulant à la vitesse de 100 km/h aura parcouru 100 km, très exactement. Avec des variables telles que la distance, la durée ou la vitesse, aucune discussion possible, c’est gagné d’avance.

En revanche, les sciences humaines (on les dit également sociales) sont — à l’instar des célèbres Montres de Dalí — désespérément molles ! Puisque chaque individu est unique, aucune loi intangible ne prévaut en la matière. Au mieux, l’outil statistique permet de dégager certaines tendances dites plus ou moins « significatives ». Voilà pourquoi les statistiques prennent tant de place en psychologie expérimentale… au grand dam des étudiants !

Mais comme le rappelle, fort à propos, ce mot d’esprit (en forme de chiasme) : "Les statistiques, c’est comme les bikinis : ce qu’elles révèlent est suggestif, ce qu’elles cachent est essentiel" ! Avec les sciences molles, c’est toujours le même refrain : il y a, indéfiniment, matière à interprétation, discussion, controverse…


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