La dénomination dépression saisonnière porte à confusion. En effet, la plupart des dépressions dites majeures ont également une expression saisonnière : elles se produisent davantage en automne et au printemps (lors de la chute et de la pousse des feuilles). Il est dès lors plus exact de parler de dépression d’hiver, puisque cette forme de dépression démarre en hiver et disparaît au printemps.
Sur le plan des symptômes, l’acronyme anglais SAD (pour seasonal affective disorder) porte également à confusion. En effet, « sad » signifie « triste », alors que justement la tristesse ne fait pas partie des symptômes-clés de la dépression hivernale (à l’inverse des dépressions majeures).
Ce qui caractérise la dépression d’hiver est un ensemble de symptômes qui évoquent le phénomène d’hibernation : déprime (abattement), manque d’énergie (adynamie), somnolence excessive, appétit accru pour les sucres et les graisses (avec prise de poids consécutive) et hypersensibilité au froid. Sous sa forme sévère, cette pathologie touche 2% de la population. Sous sa forme légère à modérée (winter blues), elle touche jusqu’à 15% de la population. Les femmes sont légèrement plus touchées que les hommes (1,6 femmes pour 1 homme).
Contrairement à une idée reçue, la cause de la dépression d’hiver n’est pas psychologique : elle est principalement d’ordre physiologique ! Il s’agit d’un dérèglement de l’horloge biologique principale. C’est pourquoi la dépression d’hiver est classée dans la catégorie des troubles circadiens. Le dérèglement en question est lié au fait que le jour se lève de plus en plus tard. Cette perturbation se produit chez les sujets dont l’horloge biologique est très « souple », c’est à dire très sensible aux synchroniseurs externes (en l’occurrence : la privation croissante de lumière matinale).
Les troubles circadiens sont idéalement traités par chronothérapie. Pour la dépression d’hiver, la luminothérapie est le principal outil chronothérapeutique utilisé. Dans ce trouble, l’horloge biologique accuse un retard de phase progressif. La luminothérapie doit par conséquent s’administrer assez tôt le matin (pendant une demi-heure), afin d’avancer le cycle, en faisant croire à l’horloge biologique que l’aube s’est déjà levée (alors qu’il fait encore nuit dehors)…
La « luminette » est certainement le dispositif de luminothérapie le plus performant actuellement sur le marché. Il a été conçu par une équipe belge liée à l’université de Liège. Ce nouvel appareil, en forme de lunettes, offre un maximum d’efficacité pour un minimum d’encombrement.
Parallèlement à cela, « CHRONO SleepWell », un logiciel de chronothérapie, vient d’être mis en ligne sur internet. Il permet de générer des programmes personnalisés de rephasage de l’horloge biologique. Il calcule ainsi - en fonction du trouble circadien considéré (ou du voyage transméridien à effectuer) ainsi que du profil du patient - le moment le plus efficace et le nombre de jours nécessaires, pour effectuer la séance quotidienne de luminothérapie. Et il fait de même pour tous les autres outils chronothérapeutiques connus.
Fiat lux !