En ce qui concerne le second volet de l’étude basée sur les images de l’encéphale — l’exploration de la vie cognitive au cours des rêves —, notre chercheuse a choisi d’utiliser des tests de reconnaissance des visages.
Elle a pu montrer, ainsi — toujours grâce aux photos, bien sûr —, que la sélection des informations pertinentes à « consolider » (mémoriser à long terme) afin de reconnaître plus aisément les visages était facilitée par les rêves.
Durant les périodes de rêves (de REM, en l’occurence¹) apparaissant la nuit qui suit immédiatement la journée de passation des tests, l’amygdale est davantage stimulée (et elle projette cette stimulation sur le cortex sensoriel impliqué dans la reconnaissance des visages). Le lendemain, lorsque le sujet est re-confronté aux mêmes tests que la veille, ses aires cérébrales de reconnaissance des visages s’activent… ce qui n’avait pas été le cas lors de la première passation (chaque visage avait, alors, été traité comme un simple ensemble de traits, et non comme une gestalt, un tout qui prend sens) ! Les scores obtenus lors de la seconde passation s’avèrent, par conséquent, bien meilleurs… l’effet de l’entraînement ne parvenant à expliquer ni l’importance de cette amélioration, ni l’activation des aires cérébrales spécifiques : la première se révèle nettement moindre, et la seconde inexistante, en effet, si le sujet est privé de ses rêves (de son REM¹) !
Avant de refermer notre album photo, et en partant d’une toute autre perspective — celle de la pathologie —, Mark Solms (neuropsychologue namibio-sud-africain) a décrit, pour sa part — toujours à l’aide des photos, bien sûr —, quatre types de « troubles du rêve »… baptisés « dysoniries ».
Chacun de ces troubles correspond à un véritable syndrome neuropsychologique.
L’anonéirie visuelle, tout d’abord, consiste en une perte, partielle ou totale, de l’imagerie visuelle (syndrome déclenché par des lésions affectant des zones latérales et postérieures du cerveau… les photos faisant foi).
L’anonéirie globale, ensuite, consiste en une perte totale, transitoire ou définitive, de la capacité à rêver (syndrome survenant suite à des lésions affectant des zones latérales, postérieures, antérieures ou basales de l’encéphale).
L’anonéirognosie , quant à elle, consiste en la difficulté, voire l’incapacité à distinguer le rêve de la réalité (syndrome provoqué par des lésions affectant des zones internes et antérieures du cerveau).
Le syndrome de cauchemars récurrents, enfin, consiste en l’itération de cauchemars monothématiques (lorsqu’il est d’ordre neurologique — et non psycho-traumatique —, ce syndrome survient généralement dans un contexte d’épilepsies partielles complexes, lesquelles intéressent des zones latérales et/ou internes du cerveau).
Aucun doute. Point n’est besoin d’être devin. L’avenir de l’onirologie sera photographique… ou ne sera pas.
Les croyances onirologiques prendront de plus en plus souvent l’imagerie médicale à témoin, dans l’espoir, bien sûr, de prétendre — enfin — au statut de… connaissances.
Les paris sont tenus.
¹Cette confusion REM/rêve demeure probablement l’un des biais les plus fréquemment rencontrés dans le domaine de la recherche en onirologie.