Nous l’avons vu dans d’autres chroniques, les modèles oniromythologiques des sociétés traditionnelles — à l’instar des modèles préhistoriques, hébraïques, nordiques, hindouistes, bouddhistes, grecques et New Age — reposent, encore et toujours, sur un paradigme du monde extérieur.
Les peuples autochtones d’Amérique du Nord — Ojibwés, Sioux et Hurons, en tête — en donnent une illustration… des plus colorées !
Le capteur de rêves (dreamcatcher) a été inventé par les Ojibwés. Dans le langage de ces derniers, il se nomme « asubakatchin » (littéralement : attrape-rêves). Les Ojibwés sont membres de la grande famille des Anishinaabes, Amérindiens peuplant la région des Grands Lacs, des deux côtés de la frontière entre le Canada et les États-Unis.
Le capteur en question est un petit cerceau de bois (de saule, le plus souvent, alliant souplesse et solidité), de diamètre variable, recouvert d’un ruban de tissu (ou de cuir), cerclé de plumes et noué d’un entrelacs de cordes (toile d’araignée), dont certaines sont ornées de pierres de couleur.
Sur le plan symbolique, le cercle représente le cycle de vie, la toile fait référence à la protection, les plumes appellent à une transmission des rêves en douceur, et les perles symbolisent les rêves eux-mêmes.
Le capteur de rêves est associé à une légende. À l’origine, la Femme Araignée (Asibikaashi) — figure sacrée, maternelle et spirituelle, de la culture obijwé — tissait des toiles invisibles pour protéger les enfants des mauvais rêves et autres énergies extérieures négatives. Lorsque la tribu décida de se disperser afin d’occuper un plus grand territoire, la Femme Araignée se mit à apprendre aux mères et aux grands-mères à fabriquer des capteurs de rêves, continuant ainsi à assurer sa protection par personnes interposées.
Ces capteurs sont toujours fabriqués de nos jours par les mères et les grands-mères de nombreuses tribus : Ojibwés, Sioux (Lakotas) et Hurons, comme indiqué plus haut, mais également Crees, Dénés et Algonquins.
La première personne qui vient à toucher un capteur (hormis l’artisan, bien entendu) en devient le propriétaire à vie.
Pour remplir correctement son office, le capteur doit être suspendu près de la couche, dans la direction du soleil levant.