Chronique de janvier 2026 Quand Skylab nous est tombé sur la tête (Attraper le bon, sans oublier de bloquer le mauvais, partie 4)

La première fois que j’ai réellement pris conscience de la préservation de la pensée magique chez l’adulte, c’était en juin 1979, je venais d’avoir treize ans.


Poussée par les vents solaires, la station spatiale américaine Skylab s’apprêtait, alors, et ce après six années de bons et loyaux services, à retomber sur notre bonne vieille planète. Une première, pour la première station spatiale mise en orbite autour de la Terre. Un monstre de 77 tonnes, 26 mètres de long, pour 17 de large, totalement incandescent, allait donc nous tomber sur la tête ! Le vent de panique qui se mit alors à souffler autour du globe fut à la hauteur de cette vision dantesque. Et ce tout particulièrement aux États-Unis, contrée où la paranoïa est, comme chacun sait, érigée au rang de spécialité nationale !

C’est dans cette ambiance de fin du monde que d’étranges dispositifs made in USA se mirent à circuler sur le marché américain. Au journal télévisé, soir après soir, le journaliste de la télévision belge francophone (RTBF) se faisait un malin plaisir d’annoncer, mi-perplexe, mi-amusé, la vente, supplémentaire, de centaines de milliers de « casques anti-Skylab », « baumes anti-Skylab » et autres « parapluies anti-Skylab » !

Aucun de ces rocambolesques gris-gris n’eut, heureusement, à servir ! Les débris de Skylab tombèrent dans l’ouest de l’Australie, le 11 juillet 1979, à bonne distance de Perth, la seule grande ville à la ronde. Aucune victime ne fut à déplorer. La ville d’Esperance, au sud-est de Perth, réclama, tout de même, 400 dollars australiens à la NASA, pour « abandon de détritus sur la voie publique » !

Ce fut, en quelque sorte, ma première leçon de psychothérapie stratégique. La pensée magique — dont j’allais apprendre, plus tard, qu’elle se cachait derrière diverses appellations : « autosuggestion », « autohypnose », « wishful thinking », « prophéties auto-réalisantes » (ou « prédictions qui se réalisent d’elles-mêmes », ou « effet Pygmalion », ou encore « effet Rosenthal »…), « rituels et cérémonials obsessifs-compulsifs », « objets (ou situations) contra-phobiques », « recadrages positifs », etc. — était une des principales ressources mentales dont nous disposons pour lutter, efficacement, contre les souffrances psychiques… à commencer par celle engendrée par la crainte de voir le ciel nous tomber sur la tête ! C’est donc sur elle, en grande partie, que devait se poser le levier de changement de la psychothérapie.


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