Après nous être doctement penchés sur l’actualité de la sexualité féminine, examinons, à présent, celle des hommes.
Et partons, à nouveau, de ce fait, qui n’a pas bougé au cours des dernières décennies : le père est toujours aussi manquant ! Quelques chiffres supplémentaires : 75% des pères ne prennent aucune responsabilité dans les soins prodigués aux jeunes enfants ; la moitié des pères séparés voient leurs enfants moins d’une fois par mois ; 27% ne les voient plus jamais !
Un petit garçon élevé principalement par sa mère, se développe avec un déficit identitaire, doublé d’un excès œdipien (ce qui signifie qu’il se sent trop investi). A l’âge adulte, dans les relations amoureuses, gare aux transferts : au travers de sa relation aux femmes, l’homme va souvent chercher, en réalité, à se protéger d’une mère œdipienne encombrante, voire abusive. Or, on ne couche pas avec sa mère ! D’ailleurs, dans notre culture - d’imprégnation principalement chrétienne (catholique, plus précisément) -, on ne couche pas avec une mère ; tout court ! L’idéal de la mère est, en effet, la vierge Marie… L’homme va donc tout faire pour dissocier la maman et la putain (référence au film bien connu, une fois encore). Pendant l’acte, il adressera, par exemple, des mots crus à sa partenaire. Il pourra même aller jusqu’à l’abaisser, l’humilier ou l’agresser physiquement. Ou bien, il perdra subitement tout désir pour sa femme, dès lors que celle-ci sera devenue mère. Beaucoup d’hommes sont, en effet, incapables de désirer la femme qu’ils aiment (qu’ils respectent - comme maman), et tout aussi incapables d’aimer la femme qu’ils désirent (qu’ils méprisent - comme une putain). Certains hommes souffrent même de ce que d’aucuns appellent le syndrome milanais, la tranche milanaise de l’amour. Une femme que j’admire - avec la tête, une autre que j’aime - avec le cœur, une autre, encore, dont j’ai besoin pour vivre - avec les tripes, et une dernière, enfin, qui m’attire - au niveau du « slip » ! Cloisonnement total. Vade retro dame blanche !
Par ailleurs, puisqu’il souffre d’un déficit identitaire, l’homme doute également de son identité de genre. Il risque, par conséquent, de chercher à utiliser la relation sexuelle dans le but de renforcer son identité de mâle. Ce qui se traduit par une course à la performance. Un processus qu’on peut qualifier de complexe de Priape : est un homme celui qui détient le phallus.
Ceci est d’autant plus vrai que - la pilule contraceptive ayant porté le coup que l’on sait à la société patriarcale - l’homme ignore de plus en plus ce que c’est que d’être… un homme. Alors que, en synchronie, la femme revendique de plus en plus son droit au plaisir. Dans ce jeu nouveau - véritable jeu de dupe -, l’homme se fait un devoir de satisfaire la femme. Si elle ne l’est pas, c’est la virilité de son partenaire qui est incriminée. Il suffit, du reste, d’ouvrir sa boîte mail, au rayon spams, pour constater - au nombre stupéfiant d’annonces « enlarge your penis » - à quel point l’homme est obsédé, aujourd’hui, par cette question du phallus, et de ses performances.
Or, Freud l’avait déjà repéré en son temps : lorsqu’un organe se met, en même temps, au service de la lutte pour l’affirmation de soi (l’identité, pulsion du moi) et de l’obtention de la jouissance (pulsion sexuelle), il fonctionne mal, ou cesse tout simplement de fonctionner. Comme si la pulsion sexuelle et la pulsion du moi finissaient par s’annihiler, l’une l’autre. Poursuivre les deux lièvres à la fois, tenter de jouir tout en essayant de se faire exister, constituait même, aux yeux de Freud, la voie principale qui mène à la misère sexuelle. Autrement dit - en ce qui concerne l’homme -, l’absence de libido, les difficultés d’érection et l’éjaculation précoce.
Des difficultés sexuelles dont on comprend, à la lueur de cette brève réflexion, que l’origine est fortement sociétale…