Chronique d’avril 2020 Via Regia (Une publication de 1899, datée de 1900, partie 4)

Nous l’avons évoqué le mois passé, la diplomatie onirique implique l’utilisation d’un certain nombre de défenses.


Parmi les principales défenses impliquées dans cette diplomatie, citons la condensation (une image du rêve [contenu manifeste] peut être déterminée par plusieurs motifs inconscients [contenu latent] : c’est la « surdétermination » des signifiants), le déplacement (un motif inconscient très significatif peut être représenté par une image onirique anodine [et inversement]), la symbolisation (ou plutôt la « visualisabilisation » : la mutation d’une pensée inconsciente en une image onirique [par le biais, par exemple, de la transformation des « ou » en « et », et des « - » en « + », seuls figurables]), la métaphorisation, la métonymisation (la partie pour le tout, le contenant pour le contenu…), le renversement dans son contraire

Le résultat final de ce deal est, nous l’avons dit, la production du scénario onirique, le contenu manifeste du rêve.

À travers l’analyse du contenu manifeste, laquelle permet l’élucidation du contenu latent, l’interprétation du rêve s’impose comme la Via Regia¹ conduisant à la connaissance de l’Inconscient (« L’interprétation du rêve est la voie royale qui mène à l’Inconscient » : la formule — trônant à l’avant-dernière page de la Traumdeutung — a fait florès). Cette analyse se base sur la méthode dite des associations libres, technique consistant à inviter l’analysant à communiquer, et ce pour chaque élément du rêve, toutes les idées qui lui passent par la tête, même (et surtout) les plus incongrues… ceci avant que l’analyste ne se mette à faire pareil.

En tant que Via Regia, l’interprétation du rêve est le principal outil de la psychanalyse². Sans ce travail sur les rêves, point de cure. Voilà pourquoi, d’ailleurs, un analysant ne débute vraiment son analyse que lorsqu’il parvient à se souvenir d’un premier rêve (ce qui peut parfois prendre des années !)… et il ne rentre dans le vif du sujet que lorsque l’analyste se retrouve au générique !


¹La « Voie Royale » était une route médiévale — commerciale, religieuse, politique et militaire — reliant Novgorod (près de Moscou) à Paris.

²Notez bien : contrairement à ce qu’on fait dire à Freud dans le dessin ci-dessus, c’est l’interprétation du rêve (qui procède de la dyade analysant/analyste, et est, à ce titre, une co-construction), et non le rêve, lui-même (propriété du seul rêveur), qui constitue la voie en question.


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