Les premiers écrits sur les rêves — et leur interprétation — sont presque aussi vieux que l’écriture elle-même !
Ils datent de plus de 4.000 ans, et sont l’œuvre des Sumériens, les inventeurs de l’écriture (et par là même de l’Histoire). Ils vont ensuite se multiplier tout au long de la Haute Antiquité.
Outre de nombreux passages de la Bible hébraïque (Ancien Testament) — rédigée (en hébreu ancien et en araméen, par Ezra le Scribe notamment) il y a environ 2.500 ans —, se distinguent une Clé des songes babylonienne (conservée au British Museum) — trouvée dans la Bibliothèque royale d’Assurbanipal (roi d’Assyrie), dans la ville de Ninive, en Mésopotamie (Irak actuel), et rédigée (en akkadien et en sumérien cunéiforme, sur des tablettes d’argile) il y a quelque 3.000 ans —, ainsi que Le livre des rêves (« Papyrus de Chester Beatty III », également conservé au British Museum) — traité égyptien d’interprétation des rêves, rédigé (en écriture hiératique, deuxième niveau de simplification des hiéroglyphes) il y a environ 3.500 ans.
Dans la Bible hébraïque, texte fondateur pour, à ce jour, environ 4,5 milliards d’individus (pour une population mondiale qui en compte un peu moins de 8), certains dormeurs ont l’insigne honneur de pouvoir converser avec Dieu, et, plus encore, de faire alliance avec lui ! Le texte (Genèse, Pentateuque [ou Torah, première section de la Bible hébraïque], de 2/18 à 19/3,5) dit de ces VIP qu’ils sont plongés dans un état de « torpeur », c.-à-d. un sommeil particulièrement profond¹. Adam, Abraham et Judith (dont le principal fait d’armes est d’avoir décapité le général Holopherne, ennemi assyrien envoyé par Nabuchodonosor), pour ne citer que ces trois-là, font partie de ces dormeurs fabuleux accédant à la transcendance.
Les rêveurs, en revanche, plongés qu’ils sont dans un sommeil nettement plus léger, ne bénéficient pas d’un tel privilège. Certains sont manifestement dignes, eux aussi, de recevoir des messages divins… mais pas suffisamment, cependant, que pour pouvoir dealer en direct avec le boss ! Le droit d’entendre la parole du Seigneur ne leur étant pas accordé, ils doivent se contenter de traiter avec le petit personnel…
¹Aujourd’hui, le mot torpeur désigne non plus du sommeil, mais bien une forme d’hibernation (c.-à-d. un état d’hypothermie au cours duquel le métabolisme est fortement ralenti), particulièrement courte (de l’ordre de quelques heures), s’observant notamment chez les oiseaux et les chauves-souris.